La porte lourde et craquelée par le temps se fit entendre dans un gémissement agonisant... Un voyageur s'étant attardé au crépuscule, le cœur partagé entre curiosité et adrénaline, se décida enfin à passer une échine tremblotante à travers la mince ouverture...
Ce qui lui fit face était d'une grandeur dont seul les temps anciens se souviennent... Un hall a mille colonnes dont les lugubres ogives s'entrecroisaient avec élégance et savoir faire. La pierre, sombre et humide, reflétait une couleur rougeâtre indéfinie, au scintillement accentué pas une faible lueur venant de l'autel central.
Une ombre y était penchée, s'affairant à la plume sur un manuscrit poussiéreux.
Jeunesse fraiche et stupide, sans préavis, sa question effrontée brisa le silence:
"Qu'écrivez vous?"
...
Sans même relever la tête, sa réponse se fit entendre:
"Passons tout d'abord sur vos manières peu courtoises puisqu'il semble maintenant évident qu'un pourceau venant de voir le jour aurait déjà reçu meilleure éducation. Mais sans jeu de rhétorique, la question aurait put être...
"Qu'entendez vous?"
...alors ma réponse aurait de toute assurance été:
"J'ÉCOUTE VOTRE CŒUR!" car ses battements sauront combler le mien.
Mais puisque votre intérêt se porte sur l'écriture, sachez que l'histoire que j'y conte touche bientôt à sa fin et qu'elle n'est autre que la VOTRE!"
Instantanément le jeune homme blêmit et regretta ce voyage dans les vallées des Carpates. Les contes et légendes de son enfance, emplis de monstres et de fées, prenaient vie devant ses yeux ébahis... pour son plus grand malheur comprit-il...
Il lui avait semblé étrange qu’un si lugubre manoir fut habité, mais la lumière blafarde qui transpirait au travers des fenêtres crasseuses ne laissait pas de doute. Il y avait quelqu’un à l’intérieur. Il avait faim et était exténué et c’est ainsi qu’il poussa la lourde porte le menant face à sa destinée, à la fin de son voyage en ce monde.
Le géant se leva, déployant ses 2 mètres passés avec une élégance rare, fascinant sa proie. Les yeux du monstre fixaient ceux du malheureux, il l’hypnotisait littéralement, dodelinant de la tête et fredonnant une envoutante mélopée apprise en des temps immémoriaux.
Le maître des lieux se nommait Nosferatu, Nosfé ou encore Nos4a2 selon l'ancien dialecte codé, mais qu'importe, car quand bien même il n’eut pas de nom, son ombre se répandant sur les terres avoisinantes eut tôt fait de le faire connaître.
« Ton cœur accélère son rythme mon jeune ami… craindrais-tu enfin pour ta si fragile existence jeune pourceau ? »
Il ne put répondre, fasciné qu’il était par ce géant flottant dans les airs à quelques centimètres du sol, devant lui, le fixant de ses yeux sans iris ni pupille, ses yeux sans fond, ses yeux… l'obscurité... les ténèbres enfouies...
« Tu le dois jeune impudent! Tu as franchi le seuil de ma demeure, de mes chaînes tu t'es emprisoné, tu seras mon laquais, mon bouffon ou mon garde manger selon mes humeurs, tu connaitras une éternité de souffrance et de servitude à mes côtés ! SOIT LE BIENVENU DANS LES MÉANDRES INFINIS DE MES TÉNÈBRES !!!!! »
Et alors que Nos4a2 plantait ses crocs dans la carotide gauche de son invité, passant sa langue sur ses incisives pour mélanger son sang damné à celui du malheureux petit curieux, alors qu’il se délectait du flot bouillonnant empli d’adrénaline qui lui coulait dans la gorge, une tempête éclata au dehors. Les éléments se déchainant, la foudre tomba non loin du manoir et dans l’éclair aveuglant déchirant la nuit, on vit les armoiries du Pavillon d’Orion flotter au sommet de la lugubre demeure, comme un avertissement pour les visiteurs trop curieux... un regard aiguisée aurait surement pu distinguer un écrit en lettres de sang encadrant le lourd portail :
"BETTER LIGHT ANOTHER CANDLE THAN CURSE THE DARKNESS! "
(Mieux vaut allumer une chandelle de plus que de maudire l'obscurite!)
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(c)nos4a2 & montoup
